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15 octobre 2018 1 15 /10 /octobre /2018 12:21
La nuit a dévoré le monde

Dominique Rocher (II) avec son premier long-métrage poursuit ce qui avait été entrepris par le film de Yannick Dahan et Benjamin Rocher, "La Horde", mais aussi avec le film "Goal of The Dead" de son compère seul cette fois-ci, Benjamin Rocher (aucun lien fils unique, non enfin il a un frère producteur mais qui s'appelle Raphaël) à savoir mettre à l'honneur le film de zombie en France. Contrairement à "La Horde", et même si le film de Dominique Rocher reste un huis-clos, la partie "action" du film s'en tient à la portion congrue, et le réalisateur nous propose un drame existentialiste un peu plus contemplatif, plus cinéma indépendant type Sundance ou "les Revenants" pour rester dans la veine française, et qui pourrait rappeler le livre "Je suis une Légende" de l'écrivain , Richard Matheson (écrivain américain de la nouvelle qui donnera Duel de Steven Spielberg).

Le scénario du film, lui-même adapté du roman éponyme français "la nuit a dévoré le monde" de Pit Agarmen (pseudonyme de l'écrivain français Martin Page) est écrit à six mains, Dominique Rocher, Jérémie Guez et Guillaume Lemans (qu'on ne présente plus en ces pages, notamment collaborateur privilégié de Fred Cavayé et Yann Gozlan et scénariste également de l'intriguant "Dans la brume"). Martin Page ayant donné à Dominique Rocher et à ses coscénaristes les pleins pouvoirs pour l'adaptation, ils s'éloignent donc du récit épistolaire, forme du roman pour adapter ce dernier à l'écran de manière cinégénique.

Le film démarre donc sur l'histoire de Sam, qui se rend à la soirée de fête de son ex, et qui suite à une saoulerie en solo, se retrouve à dormir chez l'ex en question, prostré, dans la pièce où tout le monde dépose son manteau et ses effets personnels. A son réveil, l'appartement est complètement retourné, il y a du sang partout, et les rues de Paris en contrebas sont envahies de mort vivants.

Il n'y a bien sûr, aucune explication logique à la présence des morts vivants, et il n'y en aura jamais de tout le métrage, sans doute peut-on en déduire une raison sociale d'éloignement et d'incommunicabilité des êtres vivants, comme l'avait plutôt bien illustré Edgar Wright dans son fascinant Shaun of the Dead. Mais c'est la seule hypothèse qu'on pourra en tirer.

L'intérêt se situant ailleurs, dans la cartographie des déplacements de Sam à travers l'immeuble après qu'il en ait condamné les mauvaises portes (comprendre les appartements qui contiennent encore des zombies) et en avoir marqué la présence de croix à la craie. Mais aussi dans son quotidien, constitué de recherches de nourritures, et d'objets nécessaires à sa survie, mais aussi des rencontres qu'il pourra faire, bonne ou mauvaise. Sam finit d'ailleurs par trouver un zombie coincé dans une cage d'ascenseur qu'il parvient à enfermer complètement dedans, en bloquant la porte, et qui devient à la fois le confident et l'exutoire de sa folie et de sa peur de finir comme ceux dont il se défend.

Sam trouve également une batterie, et en joue parfois pour s'exprimer, mais aussi pour quelque part défier les monstres en dessous de lui qui ne réagissent qu'aux sons et stimulis sonores. Cette relation à la musique est aussi paradoxalement ce qui marquera sa descente légère vers la folie. Sam commence à perdre la raison, mais les morts vivants eux, fluctuent entre deux états, végétatifs amorphes et en mode "horde", gesticulants et vociférants rappelant un peu le jeu vidéo "Left for dead". Il n'y a au contraire d'un Zombie, pas de métaphore trop sociale sur la zombification de la société, et les rares objets que se procure Sam, lui servent plus à agrémenter son quotidien qu'à punir les zombies. 

Certes, il trouve bien un fusil, des balles, et un fusil de paint-ball, mais il ne s'en sert qu'en dernier recours, et privilégie le fusil de paint-ball pour son exercice de tir quotidien sur les Zombies, qui est débarrassé de toutes velléités de vengeance ou de colère et devient donc une activité inoffensive, et parfois même amusante pour le spectateur. L'ennui ne prend jamais le pas sur la découverte, et on se surprend même une fois le générique de fin déroulé, à espérer un chapitre 2, narrant les tribulations de Sam sur les toits de Paris à la manière d'un Giono dans le Hussard sur le Toit, ou d'un Italo Calvino dans le Baron Perché, les zombies grouillant en dessous en plus.

Au final un film dont la vision est plus que largement recommandée, surtout si vous aimez le cinéma contemplatif mais pas que, et pour le plaisir de voir Anders Danielsen Lie dans un rôle vraiment pas facile, lui qui explose dernièrement parait-il dans le nouveau Greengrass, même si personnellement, son élocution française m'a un peu dérangé ici. Et quant à l'apparition de Denis Lavant dans le rôle du zombie "domestique" Alfred, ce qui est amusant, c'est que sans savoir que Denis Lavant jouait dans le film, en découvrant Alfred, j'ai trouvé qu'il ressemblait un peu à ce comédien, et je m'imaginais ce que ça serait si c'était Denis Lavant, le tout donc sans savoir qu'il s'agissait bien de lui. Je me tais volontairement sur la participation au film de Golshifteh Farahani pour le plaisir du spectateur de sa découverte, dans un personnage assez proche d'un autre personnage du Zombie de Romero (1978).

Tout est plus que réussi dans ce film, la musique, le cadrage, le montage, les jeux de lumières, le scénario bien sûr, et l'interprétation de tout le casting, zombies compris. En ce qui concerne le film, je me risquerais presque à traiter une interprétation personnelle car avec le fait de voir l'appartement, la fête, et ces plans de début impersonnels qu'on voit dans tous les films français de la nouvelle vague, et de la nouvelle nouvelle vague, j'irais presque jusqu'à dire que Dominique Rocher et ses scénaristes, pastichent le scénario du film français type et le font littéralement imploser de l'intérieur pour libérer l'imaginaire du film de genre dans Paris. Et même la présence de Denis Lavant enfermé dans sa cage d'escalier, et gesticulant et surjouant tendrait presque à valider cette hypothèse. Mais je resterais prudent en ne disant que ce n'est qu'une hypothèse, fort réjouissante il est vrai, mais une hypothèse uniquement.

Quoiqu'il en soit, on est face à un film totalement réussi de bout en bout et dont on sent à chaque plan la passion pour son sujet. On trouve d'ailleurs dans les bonus du dvd, quelques featurettes trés intéressantes, quoique trop courtes, sur le chef maquilleur, le réalisateur, et le scénariste, interviewé par le journaliste Julien Dupuy. Et la bande originale est dispo également, ainsi que le premier court-métrage du réalisateur, "la vitesse du passé", terme aussi énigmatique qu'évocateur, avec un Alban Lenoir excellent comme toujours, et une Mélanie Thierry trés émouvante.

Sorti en dvd le 15 octobre. Edité par Blaq Out. le site et la page Facebook de l'éditeur.
 
Retrouvez ce film et bien d'autres dans les catégories un bon film de zombies

 

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21 août 2018 2 21 /08 /août /2018 14:33
Carnivores

La sororité malaisante a rarement été abordé au Cinéma ou dans les mythes, on pense bien plus souvent à Etéocle et Polynice, ou à Caïn et Abel, mais des soeurs en rivalités qui conduiront au drame et au tabou ultime il en existe bien peu. C'est ce que nous proposent de vivre cinématographiquement les frères Rénier, Yannick et Jérémie, chapeauté par les producteurs réalisateurs Jean-Pierre et Luc Dardenne, à travers l'histoire (écrite à quatre mains par les Rénier) de deux sœurs comédiennes dont une a bien mieux réussi que l'autre, puisqu'elle est devenu une star tandis que l'autre à bout de ressources en est réduit à s'installer provisoirement chez sa soeur étoile montante du cinéma indépendant.

Mona, actrice un brin paumée (très troublante Leïla Bekthi, impeccable dans son rôle de soeur actrice dans l'ombre de sa petite soeur, névrosée, envieuse, rabaissée, etc).. par le monde impitoyable qui l'entoure, se retrouve par manque d'argent et donc dans une situation précaire à devoir aller habiter chez sa soeur, Sam, également actrice, la remarquable Zita Hanrot (révélée par Fatima) à qui tout réussit, famille, travail, amour. Par un heureux concours de circonstances, sa soeur faisant un burn out dû à son overdose de tournage (une manière intelligente de la part des frères de dire que les bourreaux de travail ne sont pas forcément les plus heureux pour autant), Mona se retrouve à devenir la répétitrice et assistante de Sam.

Dans l'ombre d'un père absent (divorcé, disparu, mort, on ne le saura jamais), les deux soeurs se laissent progressivement aller à bon nombre de rivalités, tout en entretenant des rapports intimes qui flirtent aussi très dangereusement avec le tabou de l'inceste. Mona envie Sam certes, mais quelque part Sam est jalouse de ne pas être aussi cérébrale qu'elle, Sam étant plus dans l'instinct et l'affect.

Sur un scénario qu'on aurait pu retrouver dans un épisode de Hollywood Night, c'est dire le côté déjà vu de l'entreprise, et sans la maestria d'un Brian de Palma pour épingler la sororité déviante au microscope de sa caméra, les frères Rénier se retrouvent à promener le spectateur de lieu en lieu, sans jamais vraiment réussir à l'accrocher durablement et sans ennui définitif non plus. Et c'est le plus dommage, car que ce soit ce réalisateur belge imbus de sa personne et autoritaire, qui pourrait tout aussi bien évoquer l'autrichien Michael Haneke que n'importe quel autre réalisateur abusif de ce type, ou la mère un brin envahissante, on sent bien que les frères Rénier parlent aussi d'eux-mêmes et tentent d'embarquer le spectateur dans leurs règlements de compte personnels, et leur thérapie freudo-lacanienne filmique. Et selon la formule connue de Flaubert, "Emma Bovary c'est moi", on se prend à essayer de deviner ce qui ressort de la réalité, et ce qui ressort de la fiction dans cette histoire qui se suit sans déplaisir, mais dont l'issue tragique aura été anticipé dix fois par le spectateur. 

Il est d'ailleurs dommage d'avoir centré le film sur la rivalité et l'envie de Mona sur la vie de Sam, car le film aurait certainement gagné une certaine plus-value si le scénario avait plus parlé des coulisses des tournages, et des difficultés afférentes au métier de comédien, à fortiori quand on est deux soeurs, et l'une dans l'ombre de l'autre.

Quoiqu'il en soit, les Rénier choisissent de se concentrer sur la tentative de récupération de la vie de Sam par Mona, après la disparition de cette dernière (ellipse d'un an assez étrangement posée dans le scénario au détour d'un plan final où Sam poussée à bout par son réalisateur tyrannique, craque complètement en mode Isabelle Adjani chez Zulawski). Mona récupère donc patiemment, à force de travail, et de compréhension du monde qui l'environne, la vie de Sam : son fils, son compagnon, sa place d'égérie de son réalisateur autoritaire qui décide après la disparition de Sam de réaliser un nouveau film sur cette même disparition.

Mais même ce retournement de vie est attendu par le spectateur depuis plusieurs "bobines", et rien ne fait monter l'attention de ce dernier au-dessus du radar de la surprise, pas même la fin, plutôt convenue et attendue, que nous ne dévoilerons pas ici.

Au final, le film se laisse regarder, notamment grâce à la trés bonne performance de son casting, mais malgré quelques bonnes idées de plans à travers des reflets ou face à des miroirs, témoignant en filigrane de la vie des deux "rivales", la réalisation des Rénier est assez impersonnelle, si ils ont vraiment réalisé eux-même entièrement le film, puisque deux "auxiliaires à la réalisation", un en France, une en Espagne sont crédités dans le générique de fin. Sans trop s'avancer, car rien n'est tout à fait sûr, mais il semble que l'auxiliaire à la réalisation, soit ce nom que l'on donne à un réalisateur ou une réalisatrice "ghostwriter" qui s'occupe de toute la partie technique ne laissant aux réalisateurs ou aux réalisatrices crédité-e-s que les plans à dicter quand ces derniers ne s'y connaissent pas suffisamment en technique pour faire le travail elleux-mêmes.

Carnivores ne se révèle même pas mauvais, car il est bien éclairé, et réalisé proprement, mais il manque de l'implication personnelle, et de la folie que pourrait caractériser par exemple et dans un sujet différent mais à la finalité plutôt proche, un Sisters, De Palmien par exemple.

Sortie en DVD, Blu-ray et VOD le 22 août 2018. Edité par AB Video. Retrouvez la page Facebook de l'éditeur.
Retrouvez ce film sur Cinetrafic à l'instar des meilleures séries françaises et du côté de la tension des meilleurs polars.

 

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14 août 2018 2 14 /08 /août /2018 22:22
Nonne ou sidérée (Squadra Criminale Saison 3 et 4)

On ne s'attend certainement pas à tomber amoureux d'une personne qui ne vous plaît pas au premier abord, et parfois ça arrive pourtant sur la durée au fur et à mesure que l'on découvre la personne en profondeur. Hé bien, il en est de même pour cette série, puisque Squadra Criminale (de son nom officiel "non uccidere", commandement biblique s'il en est "ne tue pas", qu'on pourrait traduire par "tu ne tueras point") n'était pas vraiment partie pour remporter les suffrages.

Une série unitaire en 6x52 minutes, avec un léger fil rouge (une histoire de parricide par la mère de l'héroïne, nul spoiler, c'est dit quasiment dès le début), policière ça n'est pas fait pour rendre le propriétaire de ce blog extatique. Et pourtant l'impossible s'est produit. Le cinéma italien est assez intéressant dans son renouveau (que ce soit le film de super héros Jeeg Robot) ou les films mafieux (suivi d'une série), Romanzo Criminale, ou encore Gomorra. Squadra Criminale crée la stupeur en étant une série policière qui ne traite pas ou trés peu de la Mafia, mais bien des crimes humains, plus misérabilistes mais aussi plus universels, et en choisissant de faire de son héros principal, une héroïne, une femme capitaine de police, Valéria Ferro (la sculpturale et limite mystique Miriam Leone, ancienne miss Italie, et ex présentatrice sur Raï). Cette dernière en charge d'une équipe de policier localisée à Turin a un quotidien miné par la folie, le crime, la violence ordinare, et non comptant de ça, elle doit composer avec un trauma personnel, puisque sa mère a tué son père, en état de légitime défense parait-il et s'est ainsi retrouvé en prison pendant 17 ans. Au début de la série, elle en sort et vient habiter avec son fils, sa bru, sa petite fille Constanza et Valéria. Valéria vit trés mal le retour de sa mère et s'enferme profondément dans le travail.

Dans les saison 3 et 4, celles qui vont faire l'objet de cette critique, l'histoire traumatique de Valéria avance. La camarade de chambrée en prison de la mère de Valéria, une jeune femme un peu perturbée (et qui a assassiné à 14 ans, sa propre mère de plusieurs coups de couteau) révèle à Valéria que sa mère est innocente du meurtre de son père et que c'est elle-même qui lui a révélé en prison. Sa mère finit par révéler à Valéria qu'elle n'a pas tué son mari en état de légitime défense mais parce que ce dernier menaçait de quitter cette dernière, et ses enfants. Valéria ramène la jeune femme chez son père à elle, qui demeure complètement perdu depuis que sa fille est en prison pour le meurtre de sa femme. Mais à la fin de la saison 4, une mystérieuse femme se présente, qui semble elle-aussi connaître la mère de Valéria, et il semble que cette histoire de meurtre par vengeance parce qu'elle l'aimait trop ne soit pas encore la réalité effective de ce geste définitif envers le père de Valéria. D'autant que son propre oncle semble connaître lui aussi la vérité.

Face à cette nouvelle révélation, Valéria quitte la maison de son frère, de sa belle-soeur et de sa nièce, et part habiter chez son oncle, le frère de son père. Laissant sa mère au bon soin de son frère. De son côté, le collégue de Valéria, Andréa, son binôme, secrètement amoureux d'elle l'embrasse pendant une nuit d'investigation, et si la belle cède quelques minutes à ses charmes, elle se reprend bientôt et lui demande de partir. De son côté, le chef de Valéria, qui est aussi son petit ami, se brouille avec elle pour d'autres raisons, et lorsque Valéria rompt leur relation, il lui demande de quitter son poste à Turin et de se faire muter à Rome, où un poste vient de se libérer. Andréa, mis au courant de sa future mutation, lui dit qu'il est prêt à aller à Rome avec elle, parce qu'il a besoin d'être avec elle, même en tant que partenaire d'investigation. A la fin de la saison 4, le chef et amant de Valéria, revient sur sa décision, il annule la mutation de Valéria, et accepte de réouvrir l'enquête liée au meurtre du père de Valéria par sa mère. Voilà pour l'évolution de l'intrigue secondaire, égrainée en fil rouge, le long des 4 saisons.

La série en elle-même est très lente, d'une lenteur presque insoutenable, mais au final, en s'accrochant aux premiers épisodes, on finit par adhérer à l'ambiance particulière de cette dernière. Déjà parce que contrairement aux séries policières françaises, un soin très particulier est apporté aux lumières de la série, à ses cadrages, à ses mouvements de caméra, même le personnage de Valéria (on l'apprend dans une featurette bonus sur le tournage) est caractérisée en plus par un maquillage particulier. Quand on en arrive à ce niveau de détail dans la création d'une série, c'est le signe qu'on prend son sujet très au sérieux.

Un épisode se déroule toujours comme suit, une ou plusieurs intrigues principales, qui souvent s'entrecroisent, une partie qui alimente le fil rouge de l'intrigue du trauma de Valéria, et un final qui laisse dans une somptueuse musique très pesante, (cf le lien ci-joint https://www.youtube.com/watch?v=oNxFpAMs5P0) la part belle à des rebondissements et des fausses pistes trés Agatha Christienne. Valéria en tant que personnage féminin est vraiment le fer de lance de la série. Miriam Leone compose un personnage pudique, vindicative, qui ne lâche jamais l'affaire, qui se bat avec sa force de conviction, et sans quasiment jamais user de violences, ou de son arme. La part belle est fait à l'investigation à la Sherlock Holmes, au confrontation et interrogatoire au commissariat et Valéria surprend sans arrêt le spectateur par sa sagacité et sa vivacité d'esprit.

La série est aussi l'occasion pour son showrunner, Claudio Corbucci, son réalisateur showrunner également Gusieppe Gagliardi et ses scénaristes comme nous l'avons évoqué plus haut de passer au microscope l'humain dans sa plus touchante mortalité, dans sa capacité à se laisser envahir par des émotions contraires jusqu'à en arriver à commettre l'irréparable. Les différentes intrigues abordent aussi les tabous les plus essentiels de la société, de la religion à la place de la femme, en passant par les différences sociales les plus élémentaires, la jalousie, l'adultère, l'inceste, la pédophilie, et on en passe. Sans parler de sujet foncièrement actuel comme l'homophobie, la transphobie, la transidentité, le féminisme, le racisme, les violences conjugales, le vivre ensemble, l'influence du Patriarcat dans la société etc... Cette peinture sociale trés juste et trés "misérabiliste" (sans sens péjoratif), renvoi à tout un pan de la cinéphilie italienne, de Nanni Moretti au cinéma de Vittorio de Sica. Et la grande force de Squadra Criminale est son refus du manichéisme, pour proposer des personnages touchants jusque dans leurs faiblesses, des monstres parfois certes, aux issues inexcusables souvent mais si humains qu'on ne peut s'empêcher d'écraser une larme pour les tragédies qui les touchent.

Squadra Criminale est une si bonne surprise, notamment la saison 3 et 4 qui fait largement progresser l'arc narratif de Valéria et sa mère, qu'on se prendrait presque à souhaiter la production d'une série policière de cet acabit en France. D'autant qu'en dehors de la comédienne principale, tout le casting est parfait, et un grand soin a été apporté pour le doublage en VF de la série ce qui ne gâche rien. En tout cas, rendez-vous est pris pour découvrir la on l'espère Saison 5 qui ne manquera pas de satisfaire la curiosité morbite qui nous anime spectateurs, face au drame de Valéria et sa famille.

Les Saisons 3 et 4 de Squadra Criminale sont disponibles dans un coffret DVD depuis le 25 juillet 2018. Edité par Arte Editions.  Le site et la page Facebook de l'éditeur.

Retrouvez Squadra Criminale et d'autres séries dans les catégories à l'instar des plus grandes séries
 et les meilleures séries qui ont leurs infos sur Cinetrafic.
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6 août 2018 1 06 /08 /août /2018 23:50
Faits d'Ibère : Oro, là si t'es perdu !

Oro de l'espagnol Agustin Diza Yanes, réalisateur par ailleurs du largement sous-estimé Alatriste est la preuve par l'exemple que le cinéma espagnol est d'une richesse et d'une intelligence formelle incroyable. Dans ce bon film d'aventure un brin lent, on suit les pérégrinations de conquistadors à la recherche d'un el dorado nommé Teziutlan. Le film déroule moins son intrigue que le caractère de ses personnages, ce qui permet aux spectateurs de découvrir un large éventail de figures martiales, allant du simple soldat au capitaine ou au sergent, voir au scribe envoyé de l'empereur et de suivre les arcanes sociales et sociétales qui les lient tous et toutes (on trouve deux femmes dans la troupe, une servante, une épouse). On se retrouve donc dans un road trip aux allures de peinture sociale et sociétale. On pense pas mal à Aguirre ou la colère de Dieu de Werner Herzog, mais aussi par certains côtés du métrage à Boorman, voire au 13eme Guerrier de John Mc Tiernan pour son côté tentative de communication et incommunicabilité des êtres.

Un groupe de conquistadors, accompagnés de deux femmes, (l'une étant l'épouse du chef d'expédition, l'autre la servante de cette dernière) de deux guides indiens, et d'un envoyé de l'empereur part à la recherche d'une cité d'or perdue, nommée "Teziutlan" par les indiens. En court de route, ils se rendent compte qu'une deuxième équipe les suit pour les tuer, et pour que l'empereur d'espagne récupère leur part. Commence alors un jeu du chat et la souris, entre les deux équipes, sans oublier les querelles intestines internes qui sous-tendent l'équipe, et la menace d'indien cannibales qui rôdent autour.

Le film fonctionne à la fois comme un huis-clos étouffant dont le cadre serait la forêt, ainsi que comme un film un brin survivaliste, puisque au fur et à mesure de l'intrigue, l'équipe s'étiole comme peau de chagrin jusqu'à devenir à la fin, la plus réduite possible, deux membres.

Côté casting, c'est un réel plaisir de retrouver notamment le brillant José Coronado aperçu récemment dans le bijou de thriller, déjà espagnol, Contratiempo de Oriol Paulo, dans un rôle assez difficile de mentor, et de vieux baroudeur à qui on ne l'a fait plus. Le reste du casting, aussi bien masculin que féminin ne démérite pas, et chaque personnage est bien caractérisé et bien lisible pour le spectateur. Et ce dernier prend plaisir à suivre les interactions sociales et politiques de chacun des protagonistes.

La photographie du film est proprement somptueuse et donne à la forêt, une vie quasi propre, rappelant justement le cinéma animiste de John Boorman. Et une peinture de la cruauté humaine comme seul le cinéaste anglais savait la décrire. On pense aussi par instant trés fugace à la peinture humaniste d'un Kurosawa dans ces portraits de soldats et de paysans animés par un idéal commun.

Les différents retournement de situation sont des plus appréciables et on sombre petit à petit dans la même appréhension que les personnages. Oro la cité perdue est un de ses films si peu nombreux sur les Conquistadors qui rappelle comme le somptueux Apocalypto de Mel Gibson sur un sujet assez similaire ce brillant adage latin de Plaute, "homo homini lupus est" (l'homme est un loup pour l'homme").

Edité par Wild Side. Sortie en DVD et Blu-Ray depuis le 1er août. la page Facebook de l'éditeur de Wild Side.
 
Retrouvez ce film dans les catégories les films que les gens adorent  et du cinéma triste.
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6 août 2018 1 06 /08 /août /2018 19:52
Pierre Lapin

N'ayant vu quasiment aucun des précédents projets du réalisateur Will Gluck,on ne savait pas trop à quoi s'attendre pour ce Pierre Lapin, sorti cette année au cinéma, adapté des contes de Pierre Lapin de l'illustratrice anglaise, ultra talentueuse et mondialement connue,  Beatrix Potter qu'on ne présente plus. Mais force est de constater que la surprise est belle et de taille.

Si on voulait résumer le film, on pourrait dire que c'est à mi chemin entre Beethoven et la Souris de Gore Verbinski. Un trés bon film pour enfants, qui ne les prend pas pour des idiots et qui sait aborder des thèmes forts avec intelligence et humour. Il y a à prendre pour chaque tranche d'âge, des touts petits aux ados en passant par les adultes, et même si certains gags sont un peu caca pipi, le reste du métrage en revanche est bigrement réussi. Un casting aux petits oignons qui réunit vocalement notamment, James Corden, Margot Robbie, Elizabeth Debicki, Daisy Ridley, et en chair et en os, Sam Neill en total contre-emploi de ses rôles habituels, Domhnall Gleeson, et Rose Byrne plus éblouissante que jamais.

Un film avec des valeurs familiales et vraies, qui met aux prise les personnages de Beatrix Potter avec la famille Mc Gregor, on n'en dira pas plus pour ne pas révéler une étonnante surprise. L'animation des animaux full CGI est d'une beauté saisissante et on a vraiment l'impression de voir les personnages de Beatrix Potter prendre vie sous nos yeux. Si vous aimez les séries animées de Pierre Lapin, courrez-y, si vous n'aimez pas les séries animées de Pierre Lapin, courrez-y quand même. Le film trouve son unicité et propose un réjouissant jeu de chasse du chat et de la souris, digne d'un cartoon, sans jamais sacrifier ni ses personnages, ni son récit.

Le casting vocal français est plutôt bon, et même sans être fan de la bande à Fifi, ils font très correctement leur travail en se faisant pratiquement oublier dans les rôles des animaux de la famille et de l'entourage de Pierre Lapin. Même Philippe Lacheau est trés juste, c'est dire le niveau.

Un petit mot sur les bonus qui présentent une featurette de 7 min plutôt intéressante mais un peu courte, un clip de la chanson du film, et un court-métrage original sur une des trois soeurs de Pierre Lapin.

En conclusion le film est vraiment une sacré bonne surprise, car il est très bon, et il donne envie une fois fini de le revoir une autre fois car le plaisir pris est vraiment immense. Le film est à la fois respectueux du genre de son modèle original et en même temps se permet un dépoussiérage de l'intrigue et des gags plutôt actuels qui ne sont ni gênants ni qui ne font tâche dans le potage. Un petit bijou de drôlerie à recommander à tous et toutes. Suivez les traces de Pierre Lapin, Jeannot Lapin, Flopsaut, Trotte-Saut et Queue-de-Coton, ainsi que Ernest Blaireau, Todd le Renard ou Madame Piquedru.

 Sortie en DVD et Blu-Ray le 8 août. Edité par Sony Pictures France. le site de Sony Pictures et la page Facebook de l'éditeur.
 
Retrouvez ce film et bien d'autres dans les catégories d'autres dessins animés et les films à fou rire.
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20 juillet 2018 5 20 /07 /juillet /2018 08:40
La Forme de l'eau

Lorsque Guillermo del Toro, se décide à revenir à la réalisation, après le demi-succès de Pacific Rim, et la réussite critique,  mais un peu moins publique de son film gothique, Crimson Peak, c'est pour rendre hommage encore et toujours au cinéma des origines. 

Ainsi, dans ce nouveau film, Shape of Water, il rend hommage à la "Moman" des films de monstre, La créature du lac noir de Jack Arnold. Et cet aveu est tellement assumé, qu'il va jusqu'à singer l'esthétique physique du monstre. Certains ont parlé de référence également à la créature du marais de Wes Craven, mais ça parait quand même légèrement plus fantaisiste et rien ne vient réellement appuyer cette vision.

On ne rentrera pas non plus dans la polémique plagiat ou non de l'esthétique ou de l'histoire d'Amélie Poulain. Ce débat sur le plagiat de Jean-Pierre Jeunet n'a aucun intérêt cinématographiquement, cela ne fait que donner du sens à des sites "putaclic" ou à des journaux comme Closer ou Paris Match, nous préférons donner en ces lignes libre cours à l'intelligence visuelle, au talent narratif, etc... aux réalisateurs qui savent toucher le public, quel qu'il soit. Et si on commence là, alors on n'en a pas fini, de tous temps les récits précédents ont inspiré les suivants, et ainsi de suite. On se pignole sur les Fables de La Fontaine mais on oublie toujours que ce dernier a pompé les récits d'Esope qui lui-même avait largement plagié l'indien Pilpaï. 

Je prends cet exemple parce que c'est toujours le plus marquant à mon sens, et pas uniquement parce que c'est le seul que je connaisse. Car ce qui fait la spécificité d'une oeuvre au-delà de son récit, c'est ce qu'on y apporte, et ce qui y importe. Et la nationalité de l'oeuvre fait également pour beaucoup. Ainsi pour reprendre l'exemple des Fables. Pilpaï faisait surtout des récits simples et concis, Esope a apporté un certain développement dans les personnages, et La Fontaine a abouti le tout, en y ajoutant la dynamisation du récit (ce qui donnera plus tard le cinéma, notamment le dessin animé, mais ça il était loin de s'en douter) et une plus grosse importance à la morale. Dans un siècle profondément religieux, peu importe son niveau d'acceptation de l'influence de la religion, on est toujours quand même plus ou moins influencé, et ça a été le cas de Jean de la Fontaine.

Vous vous demandez sûrement où je veux en venir avec cette démonstration, d'autant plus que quelques lignes plus haut, j'avais dis que je ne voulais pas évoquer cette triviale affaire de plagiat. Mais ceci m'est nécessaire pour parler du film, car en bon La Fontainien, privilégiant les images dynamiques, aux longs discours, Guillermo del Toro réalise ici une fable moderne, le tout sous couvert d'hommages et d'évocations d'un passé presque révolu. Cette histoire en forme de la Belle et la Bête lui permet d'évoquer la réalité sordide à travers un onirisme des plus bienvenus. Il se retrouve donc à traiter de sujets très adultes, avec un postulat qui ne renierait pas sa place dans un conte de Grimm, ou de Perrault, ou un livre pour "enfant" comme Brisby et le Secret de NiMH par exemple. Ainsi, Guillermo en pleine période de #balancetonporc parle de féminisme, avec intelligence et légèreté, sans jamais être pesant, mais aussi de liberté au sens large, liberté d'aimer, liberté de jouir, liberté d'être différent (qu'on soit vieux, noir, ou gay), ceci incluant bien évidemment la liberté d'être un cornard, un manipulateur, un "violeur", d'être un espion simple, double ou triple, etc...

Ainsi, si les personnages du film agissent tels qu'ils le font, et pensent comme ils le font, c'est qu'ils sont plus des concepts, avant d'être réellement des "humains", et c'est ce qui peut paraître pour le moins déroutant. Ainsi l'impeccable Michael Shanon qui est l'illustration la plus parfaite de cette idée, est moins un salaud ordinaire que l'illustration de la vision capitaliste d'une époque.

Le film sans trop en dire mais pour vous donner envie de le regarder ne plaira certainement pas à tout le monde, mais il mérite son visionnage, ne serait-ce que pour savoir dans quel camp vous vous trouvez. Personnellement je suis dans un entre-deux, et ça fait déjà la deuxième fois qu'un film de Guillermo me laisse pantois sur ce que j'ai pu réellement ressentir. Alors que j'ai littéralement adoré à la folie ses précédents projets. Depuis Cronos son premier film, jusqu'à Pacific Rim, j'ai aimé tous ses films, à des degrés divers, mais là, je suis face à une énigme. Entre celui-ci et Crimson Peak, ça fait deux films que j'ai vu une seule fois mais qui m'ont un peu laissé en dehors de ce qu'ils proposent, et ça m'agace un peu je l'avoue. Sans doute faudrait-il que je les revoie à nouveau, car l'un comme l'autre, me semblent aborder plus des notions, des émotions et des sensations particulières que présenter réellement des personnages pour ce qu'ils sont.

Sortie en bluray et DVD depuis le 30 juin 2018. Edité par la 20th Century Fox. Retrouvez le site et la page Facebook de l'éditeur.
 
Retrouvez ce film, et bien d'autres encore dans les catégories romantisme et le meilleur du fantastique.
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30 juin 2018 6 30 /06 /juin /2018 17:20
Over look Hotel : Rise of a Boogeyman

C'est l'histoire de Jack T. joué par Jack Nicholson, qui devient fou, ou bien est-ce l'inverse Jack N. joué par Jack Torrance qui devient sage, on est plus trés sûr... Mais c'est surtout et avant tout le nouveau mashup du petit génie Antonio Mario Da Silva, qu'on ne présente plus et qui a eu pas loin de 4 articles de fond (si on compte ce dernier) consacré à ses mashups en ces pages.

Ce nouveau mashup cauchemar prend vie dans l'Overlook Hotel de Shining, bien après les évènements qui ont secoué le lieu, le corps de Jack Torrance n'a jamais été retrouvé, tandis que Danny et Wendy vivent heureux ensemble ailleurs. L'histoire débute avec la voix off de Jack, qui explique qu'il vit dans l'overlook avec ses fantômes, et qu'il se débrouille trés bien. L'écriture de son nouveau roman avance à grand pas, et lui-même ne sait plus au juste si il est mort ou vivant.

A travers cette figure, ce monument du film d'horreur, l'hôtel n'est qu'un prétexte pour le prodige du mashup qu'est Antonio Maria Da Silva (AMDS pour les intimes) pour interroger le mythe même de l'horreur au cinéma, allusion à double sens (un ballon rouge par exemple qui renvoit tout autant au CA du maître King, qu'au premier "Jack" de l'histoire du cinéma, M le Maudit de Fritz Lang). Aussi bien que peut-être au film sur l'enfance, le ballon rouge, moyen métrage français d'Albert Morisse, réalisé en 1956, pas un film d'horreur à proprement parler, mais un film "fantastique" dans lequel un ballon rouge énorme, symbole d'enfance suit un petit enfant tout le long du film. Il semble que le symbole soit le même dans ce nouveau projet d'AMDS.

Le film original avait même inspiré une sequel dans laquelle le ballon rouge revient s'occuper des méchants gamins qui l'avait crevé dans le premier film, court-métrage trés drôle. https://www.youtube.com/watch?v=dcl1K3qzvvE

L'obsession (c'est le mot parfait) avec laquelle le ballon revient méthodiquement de multiples fois dans le métrage, semble corroborer cette thèse plus qu'un hommage évidemment aussi évident au CA du maître. Car l'hommage à King est présent de bout en bout, et comment ne pas faire plus bel hommage schizophrénique qu'en reprenant précisément le film le plus haï de l'auteur, qui ira jusqu'à refaire un tvfilm plus fidèle à l'oeuvre qu'il estime (et à juste titre d'un point de vue fidélité) bafouée par Kubrick. On retrouve ainsi pèle-mêle, plusieurs clins d'oeil à l'oeuvre du King de l'horreur, qui sont d'ailleurs autant de références cinématographiques (Shining bien évidemment, mais aussi Misery, Cujo, Christine, IT, Carrie). Mais pas seulement, puisque AMDS allongent le bal des références à tout le cinéma d'horreur, transcendant les nationalités (on trouve Ringu), les générations (remake et original s'ébattant joyeusement) et les genres (slasher, fantastique, horreur, etc...)

L'artiste qu'est AMDS va jusqu'à reprendre quelques photogrammes parmi les plus icôniques du film de Steven Spielberg, Ready Player One, le seul par ailleurs non crédité au générique, dans le passage le plus marquant d'ailleurs qui puisse parler de la création, et de l'héritage qu'on peut faire des anciens, la scène de "mise à mort" de Shining justement.

Mais l'intelligence du joli projet ne s'arrête pas là, car non content de rendre ainsi hommage à Kubrick, et King, AMDS nous offre même un mashup d'une évidence folle (au point qu'on se demande pourquoi personne n'y a pensé avant tant le raccord "idéologique" fonctionne) puisqu'il offre à son narrateur Jack, rien moins que le plaisir de s'inviter et de réinventer de multiples fois d'ailleurs, la scène charnière du cinéma de Hitchcock, scène qui traumatisera bon nombre d'apprenti réal dont votre serviteur, et de réal chevronnés parmi lesquels  Brian de Palma qui en fera la figure maîtresse d'une grande partie de ses films, au point d'en rejouer les enjeux et la rythmique, un peu partout, notamment dans un ascenseur.

C'est ainsi que Jack Torrance tue la voleuse Marion Crane dans une sarabande endiablée qui rappelle par son déroulé, le film un jour sans fin, le tout, avant de littéralement avoir une conversation avec des soi plus jeunes, plus psychotiques, plus âgées ou plus sage de lui-même.

Comme toujours chez AMDS, les correspondances visuelles priment sur le tout, et on ne compte plus les fondus enchaînés, ou raccord mouvement, raccord regard de grand talent, aussi puissamment évocateur que brillamment pensé. Mais pour une fois, le récit se fait aussi oral, à travers l'idée bigrement intelligente d'un narrateur de fiction omniscient, omnipotent dont le timbre est à si méprendre trés proche de l'état d'esprit du Jack Torrance original. Au point qu'au début on doute un peu si le texte est original ou si il est lui aussi mashupé avec différentes interventions de Nicholson dans différents films, mais le générique et certaines lignes de dialogue sont sans appel, il s'agit bien d'un voice over original.

Sur les thématiques, celles qui surnagent le plus est sur les affres de la création que tout créateur peut subir quand il essaie de créer, et je pense sans me tromper, qu'il y a une part d'autobiographie dans ce sentiment que nous dépeint Antonio dans son mashup.

On trouve également dans les thèmes traités, le rapport à l'enfance, dans la dimension mythologique du roman, puisque le récit original parle notamment de "boogeyman", et vraisemblablement d'abus sexuel de la part de Jack sur son fils comme semble le suggérer assez finement la scène de l'ours que Wendy voit en déambulant dans l'hôtel dans le film original. Et l'idée de fin est puissamment brillante, car elle reconnecte le mythe avec son vecteur (la relation monstre-victimes, puisque pour qu'un monstre existe, il faut qu'il existe une ou des victimes pour lui offrir son statut de monstre), tout en faisant une transition intelligente et moderne que n'aurait pas renié, un film comme la Cabane dans les Bois.

Encore une fois, Antonio Mario Da Silva, que l'on suit toujours avec plaisir, nous offre du trés grand art, quasiment une création originale n'ayons pas peur des mots, du moins autant que ne l'est la scène de Shining dans RPO, une re-vision à l'aune d'une thématique donnée, après tout que ce soit un monstre ou un artiste, c'est aussi ça la "création".

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30 juin 2018 6 30 /06 /juin /2018 14:20
Falling Water

Je vais débuter cette critique de ma nouvelle coqueluche sérielle depuis Lost par une citation. Shakespeare a écrit à peu près en ces termes : "Souvent, quand on a une idée originale de série tv, un enfoirard vous la pique, avant même que vous ayez eu le temps de la mettre à exécution"... Bien évidemment, vous l'aurez compris, Shakespeare n'a jamais écrit ça, d'abord parce que Shakespeare lui n'est jamais vulgaire, ensuite parce que du temps du bon William, la série tv, n'existait pas, la tv n'existant pas non plus, et pourtant l'avenir n'a cessé de lui dérober ses intrigues et ses bons mots pour en habiller bon nombre de production audiovisuelle, comme quoi. 

Si je commence ainsi, c'est pour évacuer la frustration, mêlée de plaisir et de satisfactions primaires que j'ai ressenti à la vue de cette série américaine, Falling Water. Série que j'ai binge watché quasiment tant l'intérêt était présent pour moi. Frustration, parce que comme vous l'aurez compris, j'avais une idée de série tv originale dans ce style, dont j'avais commencé à écrire, un pitch et un traitement, et qui prenait place dans les rêves exactement comme ici. Un policier enquêtait dans le monde réel sur une secte étrange et il découvrait peu à peu que la secte arrivait à tuer les gens en se projetant dans leurs rêves. Un des héros était un policier noir, et coïncidence, dans Falling Water, un des héros,  est un policier, et l'autre est noir. Enfin, le titre pour lequel j'hésitait était en VO (Deception Point), et en VF j'hésitais beaucoup entre "Point de Chute", et "Chutes d'eau" (car une partie essentielle de l'intrigue prenait place après la chute du héros à travers les Niagara Falls, ou équivalent). Avec Falling Water, on retrouve quasiment trait pour trait, le titre de ma série. L'histoire s'arrête là, je n'ai jamais réussi à la produire (trop coûteuse), et la Noosphère s'est chargé du reste. J'ai écrit cette histoire entre 2011 et 2013, et la série est entrée en production en 2016. donc entre temps, quelqu'un a eu la même idée que moi, et a eu surtout l'opportunité et les moyens de la réaliser.

Au final, les intrigues sont assez différentes, ce qui me permettra de réaliser mon idée, si le destin m'en laisse le temps. Mais je n'en veux pas trop au fatum, parce que cette série est vraiment excellentissime, le gros bémol étant qu'elle semble avoir été annulé après deux saisons. Dommage, mais je commence à avoir l'habitude, toutes les séries qui me séduisent profondément sont annulées car elles ne plaisent pas à l'audience.

Sans trop en divulguer, Falling Water met en scène principalement trois personnes, Tess, Burton, et Taka, respectivement, créatrice de tendance en freelance, chef de la sécurité d'un grand groupe financier de placements, et policier de New-York. Chacun d'eux se battant avec une problématique personnelle. Tess est convaincue d'avoir été enceinte et qu'on lui a volé son bébé, Burton lui voit une jeune femme partout, et ils semblent avoir été amant, quant à Taka, sa mère, sculptrice célèbre, est aujourd'hui dans un état catatonique. Ces trois personnages ont en commun, le fait de pouvoir rêver en commun, en ayant conscience qu'ils sont en train de rêver, le fameux état qu'on appelle "rêve lucide".

Bien sûr, ceci n'est que le début, car ensuite, la série bascule de plain pied dans le fantastique, en rajoutant également  un consortium d'hommes et femmes d'affaires puissant-e-s, une secte étrange, chaussée de chaussures vertes fluo, et bon nombre de personnages secondaires charismatiques.
La série est produite par Juan Carlos Fresnadillo (réalisateur du culte 28 semaines plus tard, et des trés bons, Intacto, et  Intruders), ainsi que par l'ex madame Cameron, productrice géniale de son état, Anne Gale Hurd, qu'on ne présente plus tant son influence sur Cameron aura été importante, aussi bien d'un point de vue scénaristique que de production.

Cette série annulée à ce jour, en raison d'un manque d'audience, est un vrai coup de pied au cul de l'intelligence, car ses récits sont certes flous, mais jamais intentionnellement compliqué (coucou Christopher Nolan), et chaque idée de mise en scène ou du récit est poussée jusqu'au bout et réutilisée de nombreuses fois (encore une fois, pas comme dans Inception, où l'idée des armes "rêvées" sera utilisé une seule fois et on en entendra plus jamais parler le reste du métrage). Cette série évite tous les écueils du récit fantasmatique, et ne se prend jamais les pieds dedans, on pense aussi pour la partie connectivité des individus à la géniale Sense 8 (également annulée depuis), et un peu à Twin Peaks de Lynch, notamment le bar restaurant le Marcello's, lieu de convergence des personnages de la série, qui rappelle par instant le Silencio de Mullholand Drive ou la Chambre Rouge Twin Peaksienne.

La série trouve totalement ses marques, et clôt son dixième épisode de la saison 1 par beaucoup de réponses, tout en laissant de nombreuses questions, et pistes d'intrigues sous le coude pour une saison 2 qu'on imagine au moins aussi bonne que cet encourageant départ. En espérant que l'annulation de la série donnera au moins lieu à un téléfilm conclusif comme  cela fut le cas pour la glorieuse Sense 8. Si vous aimez le fantastique, les rêves lucides, et que vous savez comment contrôler vos rêves, cette série vous parlera totalement, dans le cas contraire, essayez quand même, peut-être saura t-elle vous séduire dans vos songes. Après tout, "My name is ****S".

Sortie en dvd et bluray depuis le 27/06/2018. Editée par Elephant Films.  La page Facebook de l'éditeur.
 
Retrouvez cette série et bien d'autres parmi les très bonnes intrigues fantastiques et dans la catégorie
les très bonnes séries sorties en 2017.

 

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2 avril 2018 1 02 /04 /avril /2018 20:19
Ready : play her one.

Fort de plus d'une trentaine de longs-métrage dans tous les genres possibles et inimaginables, (manque peut-être à son palmarès un swashbuckler (film de cape et d'épée), un western, une comédie musicale (plus pour trés longtemps), un vrai film d'horreur et un film de pirates), Spielberg s'est rapidement imposé depuis ses débuts émérites télévisuels jusque dans Duel en 1972, téléfilm qui remonté et rallongé a eu les honneurs du cinéma, comme un trés grand réalisateur, et un "auteur" dans le sens où ses thématiques sont toujours les mêmes et où ses plans signatures sont reconnaissables en un clin d'oeil, que ce soit le travelling arrière qui isole un personnage au milieu d'une foule, le travelling circulaire de dévoilement, les plans symboliques à base d'ombre, de reflets ou ses transitions habitées (la dernière la plus évocative étant ce sublime passage sonore et visuel d'une rafale de mitrailleuse à une hélice d'hélicoptère puis à un passage de touche sur une machine à écrire).

Tout ceci pour quiconque a l'habitude de pratiquer le cinéma de Steven Spielberg, se voit comme le nez au milieu de la figure peu importe le film auquel on est confronté. Cette chasse à l'easter shot ou à l'easter movement (de cam) agissant comme autant d'easter egg de son cinéma est quasi instinctive pour quiconque s'intéresse en profondeur à ce dernier et nul exégète de son cinéma ne s'interroge plus avant sur le sens à donner à tel ou tel plan, telle ou telle correspondance ou transition. Il n'en a plus besoin.

Quand on "parle" le Spielberg couramment, tout coule de source, c'est peut-être une des raisons pour lesquelles le cinéaste n'a jamais enregistré un seul commentaire audio de son oeuvre de sa vie. Tout est donné à qui fait l'effort réel de vouloir le voir.

De sorte que quiconque a vu réellement Minority Report, ne peut pas sortir de sottises comme quoi c'est un film pro Bush. Quiconque a vu de manière réel The Post son dernier, ne pourra pas dire que son pamphlet anti-Trump est inefficace (vu qu'il n'y a pas de pamphlet appuyé anti-Trump dans ce film), et ainsi de suite. Un réal qui est humaniste et anti-guerre comme lui, ne va pas se révéler du jour au lendemain misanthrope et pro-conflit, ou alors bien malgré lui, quand on ne décide pas à l'avance du propos que devra représenter son film.

Ready Player One ne déroge pas à la règle. Présenté un peu partout dans le monde de la VR et à grands renforts de "simulation dédiée" comme le film qui va montrer l'intérêt et le renouveau de la VR (déjà débutée dans ses premiers balbutiements grands public entre 1980 et 1990+) ; ce dernier ne parle en réalité pas tant de la VR que d'une illustration plutôt bien fichu des mondes persistants alternatifs, comme le fut le simulateur de vie, Second Life, débuté en 2008 et qui fête cette année comme par un fait exprès ses 15 ans.

Le prétexte de la VR est ici une manière plus sexy (dans sa forme plus que dans son fond) pour inclure son propos dans le prisme du cinéma, du renouveau cinématographique, des révolutions FXieuses, autant que d'un retour personnel et autocritique de son créateur sur son implication dans ce qu'a été le cinéma dit de blockbuster (terme non naît avec Jaws comme le veut la légende mais clairement remis au goût du jour avec son succès soudain). Et ce depuis ses grandes étapes personnelles, Jaws-Jurassic Park-War of Worlds, et technologiques en règle générale (Polar Express, Beowulf, Avatar, Tintin). De sorte que quiconque attend en venant voir RPO un film critique, explicatif ou laudatif de la VR repartira fort déçu, car le sujet de la VR n'est là que pour parler immersion, et immersion cinématographique particulièrement. La VR ne sert basiquement qu'à illustrer la possibilité d'être "autre" offerte par le "monde virtuel de l'OASIS", car similairement à Second Life, et au livre Ready Player One de Ernest Cline sorti en 2011, l'OASIS est un open world dans lequel prend place une quête pour le détenir sous forme de jeu vidéo et d'énigme, une chasse au trésor pour ravir l'âme (easter egg) de ce Willy Wonka moderne (pas un hasard si une des premières bande annonce s'ouvrait sur l'instrumental de la chanson du film de Mel Stuart, "Charlie et la Chocolaterie", (1971), "Pure imagination".

On peut tout faire dans l'OASIS, et on l'y préfère vite au monde réel. En particulier y mourir, même si la conséquence n'est que financière (perte de tous ses objets, tout son loot (les pièces et autres produits ramassés sur les cadavres des autres utilisateurs, achetés ou trouvés sur place). On peut y travailler (cf les Sixers, une sorte de mercenariat de gamers au service d'une entreprise IOI qui possède déjà les moyens de rentrer vivre dans l'OASIS et qui espère bien en prendre également le contrôle financier), mais aussi en être esclave (cf toujours chez IOI, des contrats de travaux forcés pour payer les dettes accumulées dans le réel, IOI semblant être un consortium unique, de type OCP (si ce n'est que comme on le verra à la fin, ils n'ont pas la mainmise sur la police), contrats qui rappelle dans leur déroulé autant le bagne que certaines heures sombres de notre histoire.

Tout ce monde virtuel est régi par un gentil programmateur, un peu autiste Asperger et un brin dépassé sans doute par l'ampleur de sa création, qui finit par casser sa pipe, et propose dans une effrayante autant que drôlatique scène de faux éloge funèbre tournée vraisemblablement bien avant sa vraie mort, une course au mérite pour devenir le possesseur exclusif et unique de l'OASIS. James Halliday, le dit Mogul du système propose ainsi à tous ceux et celles qui le veulent, trois épreuves donnant droit à trois clés, lesquelles clés permettant d'ouvrir une serrure à l'intérieur même de l'OASIS pour y recevoir sa récompense : le contrôle TOTAL de l'OASIS pour le gagnant.

C'est là que le film débute, et c'est là aussi que commence l'aventure du héros, Wade Watts (prénommé ainsi par son père parce que ça faisait nom de super héros), orphelin vivant avec sa tante, et son petit-ami du moment.

Au premier degré de visionnage, Ready Player One est un conte philosophique d'apprentissage typique, type Candide ou autre, suivant le monomythe de Campbell et dans lequel un gamin ordinaire va se dépasser et vivre une aventure extraordinaire qui va le transformer en homme, en défaisant un antagoniste archétypal et gagnant le coeur d'une demoiselle en détresse. On aime ou pas, les clichés, les archétypes et autres passages obligés de ce genre, mais lorsque qu'on trouve le second degré de visionnage, on entre alors dans une autre dimension (un peu comme quand on perce à jour le sens profond du jeu Braid) et le film prend alors des airs de réflexion autobiographique d'un créateur au crépuscule de sa vie (oui je pense qu'à 71 ans et des brouettes, on pense plus à la fin de sa vie qu'à sa naissance) qui effectue un tour d'horizon sur son passage sur terre, et l'héritage qu'il va laisser aux générations à venir.

Nous nous proposons de traiter ici les deux facettes de ce film. Trés matériellement, le film s'ouvre sur le logo de Amblin, la société de production première de Steven Spielberg. Promesse d'un film d'aventure ludique, The Post ayant été produit par Dreamworks, sa seconde société de production. Puis le film débute par un plan séquence au son de la musique "Jump" de Van Halen, (musique qui avait accompagné déjà tous les trailers du film). Déjà il est plus que rare (surtout chez Spielberg) de voir les musiques des trailers se retrouver telle quelle dans le film fini mais en plus, même une musique non orchestrale chez ce dernier est plus que rare. Nous savourons donc cette dernière en suivant le plan séquence entièrement en dur (tout le film est en prise de vues réelles, oui oui, cf le propos sur la performance capture tenu en ces pages, quelques critiques plus loin) qui nous fait découvrir le héros, Wade Watts de la sortie de son habitation (un mobil home miteux faisant lui-même parti d'une juxtaposition de mobil home). On le récupère ensuite à l'entrée de sa planque, son hâvre, à l'intérieur d'une camionnette (on retrouve ici le goût de Steven Spielberg pour la "voiture" en règle générale) là où il se connecte à l'OASIS. Spielberg nous dit à travers ce plan séquence, "ok les gars, vous allez voir que je maîtrise la caméra, et que ce plan séquence que je vous propose, en quasi dur va me permettre d'asseoir auprès de vous ma légitimité en tant que réalisateur pour le second plan séquence qui suivra et qui sera lui (toujours en prise de vues réelles), entièrement en cinéma virtuel (performance capture)."

Dans ce plan séquence, qui intervient juste après deux plans : un plan large travelling avant d'ensemble qui permet de découvrir le lieu puis le personnage qui sort de son mobil home, et un plan moyen de dos qui permet de découvrir l'envers de l'OASIS. Ce plan séquence dévoile la partie qu'on ne voit pas quand on est à l'intérieur, les humains sans leurs autours CGI mais avec leurs défauts, disparités, âge, condition sociale et couleurs de peau différentes et la publicité omniprésente. Rien que cette idée est un tour de force incroyable qui mérite à lui seul le visionnage du film. Sans aucun dialogue, Spielberg nous présente un monde complexe de faux semblants et de mélange disparate de réel et d'irréel et tant de fluidité force le respect. Le plan séquence se termine, lorsqu'un drône vient apporter une pizza "Pizza Hut" à un habitant de la pile de mobil home et des lors, plusieurs plans courts achèvent de présenter l'univers réel.

On pourrait se dire, mais quoi, Spielberg est un maître et il est pas foutu de faire un plan séquence au drône propret de l'ouverture du film jusqu'à la fin de sa descente des piles... Certes, on pourrait se dire ça, mais c'est bien mal connaître Steven Spielberg, car ce plan séquence multiplement interrompu est surtout là pour introduire le véritable tour de force du film, le plan séquence de découverte de l'OASIS qui lui ne contient aucune référence publicitaire (les quelques références publicitaires en tant que placement de produit manifeste seront dans le monde réel uniquement) et qui est un véritable plan séquence, de la posée du casque de VR de Wade jusqu'au moment où Wade change son avatar de skin (NDRL : change sa représentation virtuelle d'apparence (peau, cheveux, habits, etc...).

D'ailleurs, avant que Wade chausse ses lunettes VR, Spielberg nous donne son propos en 3 plans courts, premier plan de profil, Wade se prépare à chausser ses lunettes, une transition par le cordon du casque (siglé IOI d'ailleurs, preuve en est que depuis la mort d'Halliday ils sont partout sauf dans le contrôle de l'OASIS) nous amène à un raccord sur son visage en CGI cinéma virtuel, et enfin, on entre dans son casque, et on voit par ses yeux (la 3D et la VR) le choc est encore plus palpable et immersif en visionnage 3D d'ailleurs, qu'en 2D.

Après l'explication de ce qu'est l'OASIS et de qui est Halliday, Wade nous présente le projet de fin de vie du mogul : trouver un digne représentant de sa pensée pour lui succéder à la manière d'un Willy Wonka cherchant son Charlie. Et nous découvrons la première épreuve, la course de voitures.
Je vais me permettre cette digression interprétative parce que Spielberg a fait rajouter cette épreuve dans le scénario, sans se créditer dans les scénaristes, comme souvent chez lui. Mais bruit de couloir ou pas, cette épreuve n'est PAS dans le livre. On retrouve donc encore une fois l'automobile, champ de tous les possibles chez Spielberg, et on fait connaissance avec les principaux protagonistes de l'histoire, sans oublier les antagonistes, qui sont au nombre de 3 entités différentes : la tête (Nolan -non ne riez pas- Sorrento, chef directeur de IOI fournisseur d'accès internet et de matériel VR de ce qu'on sait dans le film ; les jambes (les Sixers, des employés mercenaires qui travaillent pour Sorrento de leur plein gré, pour le profit et le matériel de pointe mis à leur disposition, avec un skin unique et apparemment l'interdiction d'en changer) et enfin les petites cellules grises (des fanboys geeks de la culture et de la vie de Halliday, garçons et filles, passionnées par le maître et qui aident Sorrento à gagner le concours, sans doute pour les mêmes rêves de gloire et de technologie de pointe que les Sixers). La course débute, impossible, surréaliste, cumulant les pièges, les chausses-trapes, le skills extrême (NDRL niveau d'un gamer dans un jeu qui lui permet de progresser), et une inimitié sans pitié à qui sera le meilleur. Mais c'est bien mal connaître Halliday qui voulait depuis longtemps éliminer les barrières, et les règles (rappel d'un certain film sorti en 1999 et qui fête bientôt ses 20 ans, tout en nous invitant à croire à l'incroyable). Zed (l'avatar de Wade), nommé aussi Parzival (en référence au conte du Graal, et à celui qui découvrit seul la coupe contenant le sang du Christ), échoue face au boss de la fin du niveau, l'imbattable King Kong (qui fait aussi effet de Donkey Kong si on veut référencer un jeu vidéo), et il empêche Art3mis, une jeune geekette de subir le même sort, laissant sa moto se faire pulvériser par le singe géant.

Cette course peut se prendre comme la course épreuve du jeu de Halliday bien évidemment, mais si (comme cela a été confirmé par Spielberg) on admet que RPO est aussi autobiographique, on a donc la course comme une métaphore du cinéma, et Halliday comme Spielberg (également confirmé par Spielberg). Les Sixers, tous interchangeable avec le même skin, et plus ou moins les mêmes skills devenant les Yesmen (et women) d'Hollywood, et Nolan Sorrento devenant un de ces producteurs plus intéressés par l'appât du gain, ou de la franchise dont chaque film serait aussi formaté et identique que le précédent, car justement non dirigé par un auteur, donc reproduisant ad nauseam, les mêmes gimmick et références. Quant à Wade, il ressemble lui aussi fortement à Spielberg, mais un Spielberg plus jeune ou qui chercherait une nouvelle jeunesse on va dire. Spielberg ayant évoqué l'idée de se réinventer pour ses prochains films.

En ces temps de remake, reboot sequel prequel, requel, seboot ^^ que nous dit Spielberg avec cette première partie de la course ? Que Spielberg (Halliday) se cherche un héritier, et que ayant déjà poussé les putters au-delà du possible ; jusqu'à rendre hommage à King Kong dans son vrai film Jurassic Park (film matriciel pour Spielberg, autant que pour Jurassic Park) ET à montrer un clin d'oeil bref mais efficace à ce même Jurassic Park dans RPO, ainsi que King Kong en fin de parcours ; il semble affirmer que la course à la surenchère ne mènera personne nulle part, (Spielberg y compris cf Wade) sinon à la mort (des réalisateurs, des genres, du cinéma). 

On retrouve quelque part, de récentes déclarations de Steven Spielberg, qui avait annoncé qu'il suffirait que quelques grosses machines de guerre se vautrent en beauté au box office pour annoncer la mort d'Hollywood.

Wade, va donc compulser les mémoires journaux vidéos dans le musée de Halliday pour trouver une parade pour gagner la course. Et il la trouve au détour d'une phrase anodine de Halliday en apparence qui demande à son associé Ogden Morrow à briser les barrières, et à se foutre des règles, pour revenir en arrière, le pied collé aux champignons. Et pourtant ayant vu ces journaux vidéos plus de 1000 fois, Wade-Parzival ressent la même décharge électrique dans le haut du cortex que quand on trouve la solution à une énigme particulièrement ardue de point'n click (NDRL : jeu vidéo d'aventure qui propose des énigmes à base d'objets et de quelquefois de verbe d'action tel que : tirer, pousser, ouvrir, fermer, etc... et dont Steven Spielberg lui-même, écrivit un scénario de SF particulièrement brillant, The Dig pour l'entreprise Lucasarts de son ami de toujours Georgie Lucas). Il entend pour la première fois le propos de Halliday et le met en pratique.

Lorsque la course débute, Wade part en marche arrière à toute vitesse et il gagne la course, bien évidemment. Si on repart dans notre second niveau de lecture que se passe t-il dans cette séquence. Wade (Spielberg ou son héritier) rebrousse chemin mais en marche avant dans la course, il remonte littéralement le temps, jusqu'aux origines de la surenchère, King Kong pour peut-être y trouver de nouvelles icônes, de nouvelles références propres et ainsi gagner la course, mais surtout le coeur des nouveaux spectateurs. Wade passe en sous-marin sous tous les pièges, toutes les références de ce siècle, et les voyant avec l'oeil du sage, il peut alors les étudier et les comprendre. Tandis qu'en surface, les Yesmen d'Hollywood, continue à tenter de surpasser la surenchère, en produisant eux-mêmes une surenchère dans un tracé formaté, connu et pourtant toujours aussi casse-gueule, cf les nombreux "die and retry" des Sixers (NDRL : Le "die and retry" est un terme vidéoludique qui caractérise les tentatives répétées d'un jeu qui fonctionne par pattern (routine) que le joueur apprend quasiment par coeur à force de mourir pour les surpasser et gagner le jeu). King Kong apparaissant dans le film et le jeu de l'OASIS comme une icône indépassable de la surenchère (d'autant plus amusant quand on sait que le remake Kong est sorti il y a peu).

Après cette première épreuve, on découvre l'antagoniste du film, Nolan (je m'y ferais jamais hein ^^), Sorrento en plein rêve d'un projet quand il aura gagné les 3 épreuves : rendre l'OASIS zone commerciale et vendre de la pub à 80% de la vision du cortex du joueur. Le gars qui ne doute de rien. D'ailleurs, si on voulait aller plus loin dans l'interprétation, on pourrait aussi se dire que Nolan Sorrento représente la part plus "sombre" de Spielberg, sa part de financier (puisque Spielberg produit lui aussi du cinéma doudou, même si il n'en réalise jamais), et que Jurassic Park, mettait déjà en scène un travelling avec au premier plan une étagère avec les produits dérivés du parc (et donc du film). Peut-être une manière de faire sa propre autocritique de son état de financier.

Sur les avatars, et leurs représentations, beaucoup de spectateurs ou de critique se sont étonnés que pouvant être ce qu'ils veulent, chacun des protagonistes restent dans son sexe et son genre et que les méchants aient des faciès de méchants même dans le virtuel et pas par exemple un skin de mon petit poney. Mais ça s'explique trés facilement, contrairement à la plus grande majorité des joueurs, à l'exception de Aech, les personnages sont contents de ce qu'ils sont, et n'ont donc pas besoin de se cacher, ce qui vaut également pour Saito et Sho, les deux otakus japonais (qui pour des raisons de facilités scénaristiques, vivent au même endroit que les 3 autres héros). Et pour les méchants, si on ne sait pas du tout à quoi ressemble I-rok, juste à peine sait-on qu'il aime les rituels (cf sa manière de prononcer l'orbe de protection d'Osuvox avec un ton trés solennel), Nolan Sorrento lui est un financier, une coquille vide émotionnellement, il ne s'intéresse pas au monde des geeks, et ne voit pas l'intérêt d'en faire partie, si son personnage virtuel est un skin d'homme musclé, blanc et agressif, c'est justement parce qu'il veut dominer, et terroriser les héros, et héroïnes et que changer de peau, ne l'intéresse pas. D'ailleurs il est incorrect de dire que Sorrento n'est pas lui aussi influencé par le monde d'Halliday, car à mieux y réfléchir, son skin est le personnage des comics Superman, (machoire carrée, visage massif et même la mèche en accroche coeur, tout y est), donc c'est pas non plus un méchant cliché. Et si ça se trouve, I-rok est une petite vieille par contre, et quelque part, on s'en moque un peu de son identité, c'est sa présence qui est intéressante.

La deuxième épreuve, requiert toute notre attention dans le principe de Cinéma, et pourquoi le message de Spielberg n'est pas du tout si nostalgique qu'il semble l'être. Si on part toujours du principe que Halliday est Spielberg, alors cette référence au film de Kubrick, lui-aussi totalement absent du livre n'est pas du tout anodine, et lorsque Art3mis se retrouve à littéralement bondir de zombies en zombies en les piétinants et les désarticulants pour produire quelque chose de nouveau, et réparer par là-même, la pire inaction de Halliday, qui l'a obsédé au point de la retranscrire dans une de ses épreuves pour son champion ; Spielberg nous propose encore une vision, plus que symboliste, pour se détacher des anciennes références sans les abandonner complètement, mais il ne nous l'impose pas, elle s'impose d'elle-même à la vision pour qui sait que Kubrick était le meilleur ami de Spielberg. Et tout aussi non compatible semblent-ils être pour le commun des mortels et des critiques, ils ont eu cette si longue amitié "d'amour haine" pendant 18 ans, avant que Kubrick ne meurt, léguant à Steve, la lourde tâche de réaliser le monument de SF imaginé par Stanley : Intelligence Artificielle et qu'il termine par ses quelques mots pudiques empreints d'une profonde tristesse et amitié profonde "for Stanley".

Enfin, on passe les diverses péripéties pour arriver au coeur de la 3eme épreuve, Halliday-Spielberg au crépuscule de sa vie, propose au Wade-Spielberg jeune, ou Spielberg cherchant à se réinventer d'accomplir un jeu, non pas pour le gagner comme on pourrait d'abord le penser, mais pour trouver le petit détail, l'easter egg ultime, la première apparition d'une identité dans un jeu, le programmateur qui cache son nom dans le programme, et ce que nous dit ici Spielberg de fondamental sur le cinéma, c'est que pour qu'un film ait une âme, il ne faut pas qu'il soit l'oeuvre d'un yesman (tous les mercenaires d'IOI meurent en croyant pouvoir réussir à terminer les jeux, sans penser à regarder si comme dans la première épreuve, si la réponse n'est pas à prendre à contrario justement, ne pas gagner à tout prix, mais durer par son identité). Pour qu'un film ait une âme, il faut que son identité et la raison pour laquelle on la produit et réalisé soit avant tout la passion pour le cinéma, et la passion tout court.

Et lorsque lors de la bataille finale, Wade convoque tout l'OASIS, il ne s'agit pas moins d'un message qu'il adresse aux geeks de la planète de s'unir pour arrêter de se faire vendre de la nostalgie à bon compte pour justement embrasser un regard beaucoup plus vaste et pluriel de la Création. Tout autant qu'aux réalisateurs de ne pas se laisser embobiner par des producteurs sans scrupules, jonglant avec leurs désirs de faire des films.

Lorsque les 3 clés sont restituées, et ouvrent le portail, la surprise est total, puisqu'en lieu et place d'Anorak, l'avatar virtuel de Halliday, Wade ne se trouve pas moins qu'en face du "vrai" Halliday, et de son soi enfant, et que dans cette scène que n'aurait pas renié Kubrick avec la séquence avant-dernière de 2001, Spielberg confronte son héritier, ou son lui plus jeune ou plus désireux de se réinventer à lui-même vieux et enfant, non pas un avatar, mais bien, probablement une intelligence artificielle ou un cerveau humain transféré dans le coeur de l'OASIS (et le rapport à Kubrick est ici bouclé) comme le sous-entend, le dialogue final entre Wade et Halliday. "Vous n'êtes pas un avatar ?".

Halliday livre à Wade le dernier easter egg, le seul, l'unique ^^, et lorsque Sorrento pointe son arme sur Wade dans le monde réel, il ne le tue pas, car il comprend quelque chose de son émotion pure, il est touché par la grâce de voir Wade pleurer face à un réel spectacle, alors ça peut paraître idiot dans le contexte mais si on se rappelle que Sorrento se voit un Superman maléfique dans l'OASIS, ça prend tout son sens, cette épiphanie n'est du coup avec cette révélation supplémentaire, plus si incohérente que cela. Sorrento n'est pas méchant en soi (même si il est quand même responsable de la mort de la tante de Wade, ainsi que de l'amant de celle-ci et d'autres habitants des piles) mais il est juste non connecté avec sa réalité, ce qui lui fait faire des actions mauvaises pour étancher sa soif de pouvoir. Lors de cette scène irréaliste où il voit le pouvoir de l'oeuf d'or sur le visage et tout l'être de Wade, il réalise alors l'iniquité de sa quête effrénée. Quant à ceux qui ne comprennent pas, pourquoi la foule ne lui tombe pas dessus alors qu'il a juste un flingue, demandez-vous pourquoi personne ne réagit dans une agression sexuelle par exemple dans le métro, alors que les agresseurs sont souvent inférieurs en nombre face aux usagers de la rame, et non armé, et vous aurez la réponse à votre soi-disant incohérence.

Spielberg nous livre donc ici dans RPO et avec le Bon Gros Géant, son film, le plus intime, le plus personnel, celui dans lequel il se livre bien plus que dans ses interviews trés policées et fortement politiquement correct, (à moins que sa timidité maladive et sa gentillesse positive ne soient pas du tout feinte, et profondément sincère). Un film dans lequel il propose aux apprentis cinéastes et à ceux qui vont lui survivre de garder un pied dans le réel (le mardi et le jeudi) et surtout de réinventer les codes et les références, même si il le dit trés bien aussi, aucun médium ne pourra se départir d'une certaine part de référence. Les références ne sont pas le plus ou le moins important, mais en revanche, ce qu'on en fait est clairement crucial. En attendant justement de voir ce qu'il fera de cet héritage des anciens à réinventer, pour son prochain film, une réadaptation totale de l'oeuvre West Side Story, de 1957, pas un simple remake du film donc. Rendez-vous est donné.

 

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28 février 2018 3 28 /02 /février /2018 13:58
Hit man and body guard

Patrick Hughes propose avec Hitman et Bodyguard dont c'est le troisième film déjà, un retour aux sources du buddy movie des années 90. Véritable genre à part entière dont Laurel et Hardy seraient les initiateurs et Murtaugh et Riggs les fers de lance ; le buddy movie a toujours eu une place prépondérante dans le cinéma américain, que ce soit Terence Hill et Bud Spencer, ou Will Smith et Martin Lawrence, en passant par les petits nouveaux, Ryan Gosling et Russel Crowe dans l'excellent Nice Guy du non moins génial Shane Black, qu'on ne présente plus et qui est à l'origine de bon nombre de scénarios d'excellent buddy movie. La boucle est donc bouclée, puisque le Hitman et Bodyguard de Patrick Hughes s'inscrit pleinement dans l'héritage des scénarios de Shane Black, et se propose de donner à voir un duo désaccordé, avec l'excellent Samuel L Jackson et le trés sous-estimé Ryan Reinolds.

On retrouve le cynisme, la violence sèche et l'humour des Armes Fatales sans jamais toutefois égaler ou surpasser le matériau d'origine. Mais le film s'inscrit quand même comme un digne successeur du duo de policiers le plus mal assorti de tous les temps et on se prend à rêver de possiblement voir revenir le duo pour une nouvelle franchise.

Le scénario du film si il n'est guère épais comme aurait pu dire Tolstoï, prend justement place dans un pays inventé au parler ruscophone, dans lequel un dictateur clone du tyran serbe Slobodan Milosevic (Gary Oldman proprement glaçant) vient de procéder à un génocide ethnique sur sa population. Ce dernier se retrouve convoqué à un tribunal international pour être jugé comme criminel de guerre et criminel contre l'humanité. Et le seul témoin de ce crime, est paradoxalement un autre criminel, interprété remarquablement par Samuel L Jackson, tueur à gages de son état, mais un tueur avec des valeurs puisqu'il ne tue selon lui que des ordures.

Le dit tueur est donc amené vers le tribunal pour confondre le dictateur, dont il a failli être un de ses clients, mais le camion cellule qui l'y conduit est victime d'une embuscade tendu par les hommes de main du dictateur, et il s'échappe accompagné de la jeune louve policière d'Interpol (Elodie Yung, parfaite) qui doit l'escorter et dont c'est la première mission d'importance.

Cette dernière se retrouve un peu dépassée par les évènements et convoque son ex petit ami pour l'aider à conduire le tueur à gages au tribunal en temps et en heures, pour lui servir de bodyguard, seulement problème, les deux se connaissent depuis longtemps, puisque l'ancien des forces spéciales (Ryan Reinolds, solaire dans son rôle plus sideckick que leader) a été le garde du corps de toutes les précédentes cibles du tueur à gages. Aussi leurs retrouvailles s'avèrent plus que mouvementés.

Pour le reste, il faut voir le film, car malgré un scénario simple, le film est relativement bien réalisé, sans temps mort, avec ce qu'il faut d'actions et d'humour, mais sans jamais s'avérer formaté ou insipide, un sacré tour de force. Bien sûr on est loin d'atteindre le niveau d'excellence de Nice Guy de Shane Black, mais si il n'est pas l'équivalent, il en est toutefois un sérieux outsider. Et rien que pour le plaisir de revoir le bad guy de Desperado, le fantastique Joaquin De Almeida en chef de police, il faut voir ce film. A noter également la participation de la drolatique Salma Hayek dans le rôle de la femme déjantée du tueurs à gages.

Remarqué par Hollywood, après le tendre et romantique court-métrage Signs dont voici le lien en VOST https://www.dailymotion.com/video/xjct2j, qui a contribué à faire éclater la singularité du réalisateur, en proposant une rencontre entre un homme et une femme travaillant dans deux immeubles distinct et communiquant uniquement par des papiers et un marqueur noir ; et son premier film Red Hill (dont il est à noter que cette relecture contemporaine dark'n gritty du western classique le fera pressentir par Stalone comme réalisateur des Expendables 3) ; ce troisième film confirme tout le bien qu'on peut penser de Patrick Hughes, et on attend avec une belle impatience du coup, son prochain projet dont le cast est pour l'heure inconnu, "Unsafe House", probablement une relecture du film d'espionnage aux vues de son synopsis :  "Trois amis louent une maison de vacances au Bahamas, mais découvrent qu'il s'agit de la planque d'un agent du MI6, occupée par un espion de la CIA."

Patrick Hughes deviendra t-il un fer de lance de la relecture de certains genres de cinéma ou le nouveau Shane Black de sa génération, sans s'avancer, les paris sont pris.

Edité par Metropolitan Filmexport son site et sa page Facebook. Sortie en DVD et Bluray depuis le 2 janvier 2018.

ps : Merci à l'éditeur pour m'avoir envoyé une vraie version commerciale du dvd, c'est toujours un plaisir de le noter quand un éditeur fait l'effort d'envoyer une vraie version boite. Et j'aime toujours le préciser pour leur rendre honneur.

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