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27 septembre 2006 3 27 /09 /septembre /2006 13:34
Incassable est le deuxième film du jeune prodige du cinéma qu'est Shyamalan et également son deuxième film avec Bruce Willis en tête d'affiche, mais ne nous trompons pas, le héros de Incassable, le vrai héros, ce n'est pas Willis, de la même manière que le héros du Le village n'est pas Phoenix (mais j'y reviendrai lors de ma critique du Le village) et pourtant beaucoup de choses jusqu'à la fin même du film nous le laisse croire.

Avertissement : Cette critique du film étant également une analyse, contient des "spoilers" révélant la fin du film et l'histoire entière. Prière donc aux gens qui n'ont pas vu le film de ne pas lire ce qui va suivre.Bruce Willis.

Depuis son premier film et jusqu'à ses derniers, Shyamalan questionne le besoin de croire : la foi, que ce soit la foi ésotérique, la foi en le super héros et du super héros, la foi religieuse ou encore la foi en le Bien. Shyamalan n'est pas croyant et s'il interroge la foi, c'est que justement cette question l'obsède. Incassable questionne aussi notre place dans le monde.

Passé la séquence étonnante avec les cartons sur les comics, la séquence d'ouverture est un petit joyau cinématographique. Shyamalan filme l'accouchement de la mère d'Elijah à travers le reflet de la glace de l'arrière salle d'un grand magasin. Le réel protagoniste est introduit avec la révélation, l'enfant souffre du syndrome "homme de verre". Puis ce premier protagoniste est abandonné au profit de la présentation de David Dunn.Bruce Willis et Samuel L Jackson.

Nous voyons Dunn observé, scruter par le regard de la caméra, et même si il se cache à ses yeux en s'enfonçant dans son siège, l'oeil voyeur vient le débusquer à chaque fois. Ce long plan séquence sans coupe nous dévoile que le voyeur est une petite fille qui regarde le héros à l'envers (encore un thème majeur du film). Dunn voit arriver une superbe jeune fille et enlève son alliance, mais c'est un super héros (même en essence et il ne peut se permettre d'accomplir le "mal", c'est pourquoi sa tentative de drague (donc d'adultère potentiel) échoue (et on ne comprend réellement ce point qu'à la fin, ou à la seconde lecture du film).

On passe l'épisode de l'accident de train ; complètement hors champ (mais la peur nous a été transmis par l'insistance des deux trains qui frôlent le premier à intervalle régulier, puis de l'espèce d'obsession du réa à filmer la vitre avec David Dunn qui s'y reflète nous transmettant l'imminence de l'impact) ; pour en venir à Dunn qui se réveille lentement pendant qu'en parallèle, le second survivant de l'accident décède sous nos yeux (son drap blanc immaculé se couvrant de sang au fur et à mesure du discours du médecin, encore une superbe idée de mise en scène).

Passons les péripéties de Dunn et sa découverte de Elijah pour en venir au point essentiel du film, la découverte de son essence de Super héros. Il ya tout d'abord ce plan magnifique d'hommage/parodie de l'habillage du super héros, où nous voyons Dunn enfiler sa tenue d'agent de sécurité comme le lent rituel de l'enfilage d'une cape de Batman et autres Daredevil (tiens DD aussi, surement une coincidence), mais en revanche, ce n'est pas encore son costume définitif (la cape bleu de la fin). Rien n'est épargné, pas même l'identité secrète du super, il est agent de sécurité pour brouiller les pistes (même s'il n'a pas encore conscience d'être un super).
Il ya également toujours dans la partie costume du super, son véritable costume de super, lorsqu'il vient au secours de la famille maltraité par le gars en orange. On retiendra aussi la superbe séquence où Dunn tombe par la fenêtre sur ce qu'on pense être du goudron mais ce dernier s'enfonce et dévoile sa véritable essence, une bache de piscine. Dunn lutte alors avec sa propre cryptonite, l'eau. Ce combat initiatique franchit, il rennaitra réellement en tant que super et accomplira son destin de Super, vaincre le criminel. Il ya d'ailleurs un magnifique plan où l'on voit les murs se défoncer sous son poids, puis Dunn de dos, faisant une pose de comics.

Enfin, il ya surtout la découverte de ses pouvoirs, super force comme le témoigne les expériences avec son fils sur le banc de muscu, ou encore le sauvetage flashback de sa femme dans l'accident de voiture, mais aussi le fait qu'un super héros ne tombe jamais malade (qui a vu Superman avoir un rhume, même Lucky Luke n'est jamais malade [cf la bd 'Le Pony Express']). Mais aussi, son sonar qui lui permet de déceler les criminels. D'ailleurs c'est à ce moment qu'arrive l'apparition de Shyamalan, toujours en lien direct avec son sujet et son envie (montrer toujours la narration du film en train de se faire). Dunn voit Shyamalan (réa et perso)mettre de la drogue dans sa poche. Il l'intercepte et lui demande de lever les bras pour qu'il puisse le fouiller. Un temps infime du film, Willis/Dunn l'acteur/perso mis en scène devient le metteur en scène du réa et il doit lui obéir à lui super, mais Dunn ne trouve pas la drogue, car qui peut s'imaginer être meilleur que le créateur même de l'histoire. D'ailleurs lorsqu'il le heurte, Willis ne sent pas la même chose qu'avec les autres criminels, comme si la présence de Shyamalan dans le film était une erreur, un réa n'est pas un criminel. (cette action trouvera d'ailleurs une réflexion parallèle dans Le village avec l'impossibilité pour la caméra de franchir le 4eme mur, celui qui dissimule le réa).

En somme, tout le film est construit sur Willis héros, David Dunn Super Héros qui va et doit sauver le monde. Mais à la fin, Shyamalan nous piège complètement et le twist final n'est pas une super révélation mais la suite logique du début (de nombreux indices sont d'ailleurs disséminés : Elijah qui vend à un client une sérigraphie du Bien Vs le Mal (tout est dit), en l'expliquant d'ailleurs : "c'est la vision manichéenne dichotomique du Bien combattant le Mal". Elijah a cherché et trouvé sa place, en organisant les attentats pour trouver son opposé correspondant, il est devenu malgré lui, l'essence du Mal par opposition à Dunn.

Ainsi, Shyamalan et c'est à mon sens là sa force réussit l'exploit de faire de Elijah le personnage principal de Incassable tout en ne parlant pratiquement que de la naissance de David Dunn (ersatz d'un Daredevil ou d'un Spider-man), naissance d'ailleurs orchestré de bout en bout par Elijah. Elijah comme dans beaucoup de film de Shyamalan devient donc le Destin de Dunn, le dieu créateur, et difficile de ne pas renvoyer bibliquement à la création du mal par Dieu sauf que rappeler vous, le héros est vu à l'envers et le film montre souvent une vision à l'envers des choses, donc même cette création divine est inversée :
Samuel L Jackson.
Le Dieu maléfique incarnation absolu du Mal (Elijah) crée le Bien absolu (David Dunn) au seul moyen de la croyance et de la foi. Chaque élément de la cosmogonie Shyamalienne trouve sa place et Elijah la sienne dans ce monde en tant que némésis (et souvent à juste titre meilleur ami) du héros.


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27 septembre 2006 3 27 /09 /septembre /2006 12:51

Cet analyse est la première d'une série que j'espère longue, je commence avec Signes de M.Night Shyamalan (mon nouveau chouchou depuis l'annonce de l'année sabatique de Spielberg :() Touchstone Pictures

J'avoue que je suis resté totalement bluffé par son sens de la mise en scène, on dirait ce que peut faire de mieux un Hitchcock croisé avec un Spielberg, on compare d'ailleurs beaucoup Shyamalan avec ces deux réalisateurs et il ne s'en plaint pas, loin de là, que ce soit l'une ou l'autre des filiations, il la revendique haut la main. 

J'ai regardé ce film avec la même appréhension que Hulk, on m'avais dit tu verras, c'est de la daube, ça fait même pas peur, tout ça ! Bref, c'est avec une circonspection de rigueur que je m'installe devant le film, au bout d'une demi-heure, je me dis mais c'est de la merde, où veut-il en venir, en plus ça fait même pas peur, et puis arrive la vue de l'Extra-terrestre et la double révélation finale, rendant le titre enfin clair, de l'implicite on passe à l'explicite, et aux quelques révélations du film, et là je dois dire que j'ai été bluffé et la vérité m'est apparu comme un coup de poing en pleine figure : le but du film n'est absolument pas de faire peur, les Extra-terrestres, du moins celui qui attaque la maison, ne sont pas forcément méchants, et tout n'est finalement qu'une histoire de Signes à voir ou à ne pas voir.

Ainsi on peut penser que L'Extra-terrestre est venu redonner la croyance et la foi à un pasteur complètement désorienté et déboussolé dans sa croyance (Mel Gibson très bon, en demi-teinte toutefois mais ça reste quand même du grand art).

Les choses sûres et affirmées de facto concernant une possible interprétation du film :

L'Extra-terrestre attaque la maison pour tuer Mel parce qu'il lui a coupé les doigts ! Ce n'est donc pas une invasion mais une bête histoire de vengeance du Talion (cela nous renvoie à la Bible et à la loi du Talion, oeil pour oeil, dent pour dent).

La petite fille réclame à corps et à cris de l'eau et la refuse en disant qu'elle est empoisonnée sans avoir conscience que son destin est déjà tracé !

Le grand gamin (très bon comme d'habitude, Joaquim Phoenix) garde sa batte de base-ball en vue du coup dans les verres d'eau, mais il ne le sait pas encore, pourtant c'est un signe de plus qui est inscrit dans son destin ! Mel Gibson et Joachin Phoenix.

La femme meurt pour que Mel perde sa croyance, pour qu'il accomplisse ce voyage initiatique et pour qu'elle lui dise de dire à son fils de frapper à fond, encore une fois, c'est injuste mais c'est écrit dans le destin qui s'accomplira par les signes !

C'est encore plus fort lorsque l'on sait que la maison dans laquelle va se passer la cruauté de Mel envers l'Alien est la maison même de celui qui ; d'une part est la résultante et l'acteur de la mort de la femme du pasteur (accident de voiture inscrit dans son destin) et d'autre part le grand manitou de l'issue et du déroulement du film et du scénario (le maître du récit, donc le maître du destin de ses créatures de papiers, puis de celluloïd) et enfin le maître des signes, en la personne du réalisateur lui même, M. Night Shyamalan!
Ainsi sa participation que d'aucun ont trouvé inutile, voire égocentrique s'en trouve de ce fait parfaitement justifiée !

Bref du très très grand art, presque mieux oserais-je le dire que le Sixième Sens qui comporte quelques incohérences quand on se penche plus précisément sur le scénario !Mel Gibson.

Enfin, je voudrais rapprocher Signes d'un autre film : Irréversible. Bien qu'il n'est rien à voir en apparence avec le film de Gaspard Noé, je le rapprocherais de ce film, car il aborde les mêmes thématiques, mais là, où la pathétique tentative creuse, de Noé pour présenter un monde où le destin et où les signes prédominent ne conduit finalement qu'à un film vide, au scénario absent bâti sur des références qui ne renvoit qu'à leur simple statut de références et qui n'ouvre sur rien.
Une polémique sur la violence de deux scènes crues et ultra violente, une vision "cliché" de l'enfer chrétien (la boite de nuit le rectum) et un maladroit essais d'implication des signes (prémonition d'Alex, rêve d'Alex, le livre qu'elle lit, etc...).

Signes nous propose toujours un monde où le destin et les signes prédominent notre quotidien, mais son scénario est construit et une deuxième vision du film change totalement notre perception des évènements. De plus, ses références (Hitchcock, Spielberg et le jeu avec les reflets) ouvrent sur sa propre vision du cinéma et de l'histoire, et enfin son essai d'implication des signes (verre d'eau, batte de base-ball, mort de la femme de Mel, perte de sa foi) sont autant d'indices disséminés le long du métrage sur le pouvoir du déterminisme de nos vies. Le tout s'avère réjouissant et beaucoup mieux amené dans le fil du récit.

M. Night Shymalan nous offre un très beau film, bien dialogué, bien mis en scène et dont le final surprenant et inattendu fait mouche et nous donne à voir une réflexion sur le déterminisme de notre univers et de notre quotidien.



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